Israel, les raisons de la colère de Macron



Les relations bilatérales, déjà fragilisées, se sont nettement refroidies il y a dix jours, lorsque Emmanuel Macron a lancé un appel à « cesser de fournir les armes » pour alimenter le conflit à Gaza.

Hier, mardi, la tension a encore monté d’un cran après des propos attribués au président français lors du Conseil des ministres : « M. Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU. Il n’est donc pas opportun de s’émanciper des décisions de l'ONU aujourd'hui. » Cette déclaration fait référence à la résolution 181 adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies en novembre 1947, qui proposait la création d’un État juif et d’un État arabe.

 Vives réactions de Netanyahu et du Crif  
Benjamin Netanyahu a immédiatement répliqué dans un communiqué : « Ce n’est pas une résolution de l'ONU qui a fondé l'État d'Israël, mais la victoire sanglante des héros de la guerre d’indépendance, dont beaucoup étaient des survivants de l’Holocauste, notamment du régime de Vichy en France. »  
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a également dénoncé sur X ces propos présumés : « Si confirmés, ils constituent une faute historique et politique. La création de l’État d’Israël est le fruit du sionisme et du sacrifice des Juifs pour leur terre, non d’une simple décision de l’ONU. »

Remous dans la classe politique française  
Les supposés propos de Macron ont également secoué la classe politique française, y compris dans son propre camp. Caroline Yadan, députée de la 8e circonscription, a exprimé son indignation, dénonçant une « absence de hauteur de vue ». D'autres préfèrent garder le silence pour éviter de montrer leur désaccord avec le président.  

Du côté du Rassemblement national, la critique est cinglante. Sébastien Chenu, député RN, qualifie les propos d’« inacceptables » envers un pays ami. Thomas Ménagé, également député RN, estime que ces déclarations alimentent un antisionisme qui peut favoriser la haine envers Israël et les Juifs. 

 Réactions à gauche  
À gauche, les propos du président sont mieux accueillis, mais avec réserve. Thomas Portes, député Insoumis, estime qu’il s’agit « seulement de mots, sans actions ». Pour Arnaud Le Gall, membre de la commission des affaires étrangères, il faut continuer à faire pression sur Israël : « L’ONU a légitimé l’État israélien, mais Israël s'est aussi construit par la guerre. Les propos de Macron sont les bienvenus, mais ils sont insuffisants et non suivis d'actes. »


À l’Élysée, on cherche à calmer les tensions. Emmanuel Macron s’est entretenu hier avec Benjamin Netanyahu lors d’un échange glacial. Le président français a réaffirmé son appel à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, tout en condamnant les frappes israéliennes. Netanyahu a de nouveau rejeté l'idée d'un cessez-le-feu unilatéral, affirmant que cela ne résoudrait pas les problèmes sécuritaires au Liban. 
Un communiqué de l’Élysée a suivi, réitérant l’engagement de la France pour la sécurité d’Israël, mais évitant tout retour sur l’historique de la création de l'État hébreu.
Jeudi 17 Octobre 2024
Canal Net

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